[rp] Les scribouillages d'Hildegardeii (avec deux ii)

Foutre Dieu ! 50 écus de pinceaux, couleurs et parchemins ! Une fortune !
J'allais me faire engueuler c'est sûr mais tant pis. Le marchand helvète faisait sauter la bourse que je lui avais donnée.

J'vous conseille de prendre des cours Hilde avant de peinturlurer les murs de Genève. Pas qu'on n'ait pas confiance hein mais bon, on préfère que vous alliez saloper les murs de France plutôt que ceux de chez nous. Vous savez comme on est tatillons sur la propreté....

Je fronçai les sourcils, déjà à moitié vexée par la remarque désobligeante et rangeai tous mes achats dans mon petit cartable. Le coche attendait dehors pour m'amener jusqu'à la prestigieuse maison des Doigts d'Or, pour assister  aux cours de dessin auxquels je m'étais inscrite.
Si j'arrivais à tracer trois coups de pinceaux corrects, peut être qu'un professeur aurait pitié et viendrait m'apprendre les rudiments de son art ....

En élève studieuse, j'arrangeai ma mise pour venir toquer à la porte du concierge, sitôt arrivée sur place.

Le bonjour ! Je suis Hildegarde - avec deux ii - et je viens de Genève. J'ai cru comprendre que vous acceptiez les cancres aussi. Je peux entrer ?

aaah... voilà comment j'aimais qu'on me parle...

point de cancres...que du talent....

Sans conteste, le gars savait parler aux dames.
Le pauvre... J'espérais juste que ce n'était pas ce jeune homme qui me guiderait dans mes pas de débutante, sans quoi il serait dégouté de l'enluminure et autres parcheminages harmonieux...

La salle de recrutement ? Bien bien... je ... J'y vais. Du moins je tente.

Allez ouste... On se jette à l'eau et on respire... Ou le contraire !

Je transpirais à grosses gouttes, tirais parfois la langue pour ne pas trembler sur les traits plus précis et retenais mon souffle.

De temps en temps, je me redressais, étirais mon dos en me cambrant les mains sur les hanches et faisais quelques pas dans la pièce. Penchées sur d'autres tables de travail, des candidates, fraichement arrivées tout comme moi, s'escrimaient sur leur ouvrage. Certaines maniaient leurs pinceaux et leurs plumes avec une dextérité qui me stupéfiait. Bon sang quand je pense que j'ai mis deux heures pour faire cette première image, alors que tout semble couler si naturellement pour les autres.

Je revins à ma table et terminais ma toute première toile. Du dos de la main, j'essuyais mon front, sans me rendre compte que j'y déposais une trainée de peinture bleue et levai mon regard vers l'entrée de la salle de recrutement, à la recherche de mes Maîtres.



... S'il vous plait... ?

Voilà. Ne me demandez pas comment j'ai fait, je serais bien incapable de le refaire je crois... Et puis je suis si lente, je me rends compte que cet exercice n'est même plus proposé.
Pourrez vous quand même y jeter un oeil et me dire si je peux rester un peu encore ...ou si je dois m'en retourner ?

Bonjour Maistre dis je en m'essuyant les mains sur ma jupe et en la laissant examiner la toile.

Mes yeux commençaient à me piquer à force de scruter les détails de la peinture et tout en l'écoutant attentivement je me frottais les paupières.

A l'issue de sa critique, non seulement les commentaires de Maistre Jenah ne me traumatisèrent pas, mais au contraire, ils mirent en évidence des choses qu'à force de regarder, je ne voyais plus.

Je vais tout de suite tenter de mettre vos conseils en pratique.

Mon regard fit le tour de l'atelier et je me mis à la recherche de ciseaux pour tout redécouper et tenter ainsi d'équilibrer l'ensemble en déplaçant les motifs. Puis, quelques nouvelles touches de peinture, déposées en prenant l'air le plus artistique possible et j'obtins ce que je pensais être le meilleur de moi même.

J'allais la rappeler pour lui montrer quand je me souvins qu'elle m'avait dit qu'il fallait un cadre.

Je cherchais partout dans l'atelier où on pouvait trouver un foutu cadre pour terminer la peinture.

Hormis un liseré tout fin en bois d'ébène, je ne fus pas en mesure de trouver mieux. Ceci dit, c'est vrai que ça finissait l'ensemble.

Quatre petits clous et un coup de chiffon plus tard, je montrais mon "oeuvre" à Maîstre Jenah en me mordant l'intérieur de la joue.




Est ce que c'est mieux là ?

La jeune artiste vint lui monter son ouvrage, retravaillé comme elle le lui avait demandé, ce qui était déjà un bon point, pour le reste il fallait scruter d'un peu plus près.

Et bien le blason est pas mal ici en effet, le cadre simple fonctionne bien, ne coupant pas le portrait, bien, le texte reste assez simple mais le reste fonctionne quoiqu'un peu plus assombrie j'en ai l'impression par rapport à votre premier essai, mais ça marche alors je vous laisse tranquille sur celle-ci.

Pourriez vous proposer une nouvelle bannière issue de nos tests? Une autre question aussi, avez vous déjà entendu parler des brosses* ? Ces pinceaux et pochoirs permettant de travailler le fond dans des formes variées?

Citation :

HRP : * Souvent appelées brush ou brushes dans les logiciels.

Fichtre, des brosses, pour sûr qu'elle en connaissait ! Des tas même !
Brosse à dents, brosse à cheveux, brosse à habits, balais-brosses et même brosse à reluire ou pire brosse à chi...! Mais il ne lui était pas venu à l'idée de peindre avec des brosses....

Heuu.......

L'idée de saloper tout un tableau finement travaillé à tous petits coups de pinceaux (oui oui, Hilde fut l'inventeresse du pointillisme bien avant Van Gogh..) ne lui était évidemment pas venu à l'esprit !

Vous êtes sûre pour les brosses ? Mais une brosse... comment ça une brosse... ?

Elle se dit qu'il devait bien y avoir un ouvrage dans la bibliothèque qui traitait de l'utilisation des brosses.
La genévoise se dirigea donc d'un pas sceptique vers l'étagère des recueils de peinture et chercha comment utiliser une brosse....

Vous voulez vraiment que je brosse le prochain....? Z'avez pas peur vous....

Citation :

* hrp : pas plus de brosse que de brushes à mon vocabulaire... Je suis aussi quiche que Hilde, voire plus, parce que moi j'ai honte..... .
Je cherche !

Et bien pour le prochain, faites comme vous pouvez, pour les brosses vous avez le temps d'apprendre. Ne vous inquiétez pas, il faut bien débuter un jour.

La brune affichait un large sourire, la maternelle avait cet aspect chaleureux loin d'être moqueuse.

[hrp : vous avez un MP ^^ ]

J'y passais un temps fou mais au final je finis par trouver le tiroir des brosses.
Il y en avait de toutes sortes : des plates, des rondes, certaines à poils doux et soyeux et d'autres à poils tous raides.
J'en sortis même qui faisaient des tâches indélébiles...

Je pris un autre exercice et m'attelais à nouveau à la tâche... Ca rentrait lentement, forcément, je n'ai aucune mémoire...

Mais j'avais de la volonté, ça c'est indéniable.

Je réussis à réaliser cette toile, que je mis à sécher sur un chevalet.



J'ignorais si c'était dans le thème ou dans les coloris. Au dernier moment, je plaçais un cadre, que j'eus un mal fou à retrouver.... et l'apportai à mon professeur...

La brune examina la toile, puis y alla de ses commentaires. , Alors le fond est intéressant, bien dans l'esprit de l'ambiance demandée, le cadre convient, quoique d'un bleu assez vif. Par contre pour les écritures cela ne va pas. Le rose ne convient pas, il dénote avec le reste, je vous conseille pour les textes d'utiliser soit une couleur déjà présente sur la fresque, soit de vous tourner vers un classique noir ou blanc, sinon cela ne donne pas un rendu harmonieux. Là le rose fait bien trop heureux et joyeux par rapport à la demande. Voyez vous ce que je veux dire? La calligraphie pour la petite phrase n'est pas assez lissée.

Pouvez vous essayer de modifier votre toile, pour que celle-ci ait un rendu plus triste?

Plus triste.... elle en a de bonnes elles.... Difficile de faire du triste quand on a l'esprit gai.

J'envisageais de peler quelques oignons et de pleurer au dessus de la toile, mais pas dit que ça soit ce qu'elle demandait...
Je me dis ensuite que j'allais tout écrire en noir, mais on ne voyait plus rien, impossible à lire....

J'optais pour un texte en blanc, j'trouvais le portrait de la fille plutôt ouvert, impossible qu'une nana comme ça soit totalement négative... Donc blanc.

Pour le cadre, j'avais toujours autant de difficultés à réussir à trouver ce que j'avais en tête.

Je mis donc, encore une fois, un cadre tout simple, noir.
Ca restait dans le ton donné. Je me promis toutefois d'aller fouiller dans les réserves de cadres pour voir ce qu'à l'avenir je pourrais utiliser.

Pour l'heure, j'installai mon tableau sur le chevalet de présentation et attendis la sanction de Maître jenah.

La blonde avait suivi le travail de loin car elle même était en recrutement, sauf que quand c'était bon c'était bon.

Bonjour. Elisabeth Stilton Surintendante aux finances de l'atelier.

Elle fit venir le page et présenta un contrat.

Citation :

CONTRAT D'EMBAUCHE

Je, soussignée X, Peintre,
M'engage à respecter un contrat d'exclusivité avec l'Atelier des Doigts d'Or. Chacun des modèles créés le sont au nom de l'Atelier et participent de sa renommée.
Aucun modèle créé pour l'Atelier des Doigts d'Or ne saurait être exposé dans un autre atelier, si le présent contrat était rompu.

X.

L'Atelier des Doigts d'Or par la voix de la surintendante aux finances, Elisabeth Stilton s'engage en contrepartie à rémunérer X à hauteur de cinquante pour cent de la plus valus pour chaque œuvre, ainsi qu'à offrir gite et couvert au sein de la Maison Plume.
L'Atelier offre en supplément une tenue par an et de puiser dans les matières premières pour que l'artiste peigne lui même une bannière par saison, pour lui, sa famille ou ses proches.

Pour l'Atelier des Doigts d'Or,

Voilà que l'affaire devenait sérieuse.

Ce que j'avais pris pour une distraction estivale était devenu un réel plaisir. Masochiste Hildegarde ? Assurément oui !
C'est fou comme j'aime me lancer dans des causes perdues.
En tout cas, à mes yeux, je n'avais aucun talent.

Je regardais ma professeur, Maître Jenah, avec respect. Le peu que j'avais appris, je le lui devais.

Aussi, lorsque je vis entrer la surintendante, j'ouvris de grands yeux stupéfaits. La dame venait voir mon travail !
Et quand elle sortit un contrat en bonne et due forme, il en manqua peu pour que je m'évanouisse !

Mais... mais.... Mais vous êtes fous !

...Oh oui !

J'ignorais à quoi je m'engageais. Par contre je savais à quoi, elles, s'engageaient : à devoir supporter mes lenteurs, mes doutes, mes éternelles insatisfactions et surtout à devoir passer derrière moi pour corriger les tableaux pour ne pas perdre la clientèle !

A moitié, en riant, je complétais le contrat en y apposant mon nom et ma signature, puis le tendis à Madame Stilton.

Citation :

CONTRAT D'EMBAUCHE

Je, soussignée Hildegardeii, Peintre,
M'engage à respecter un contrat d'exclusivité avec l'Atelier des Doigts d'Or. Chacun des modèles créés le sont au nom de l'Atelier et participent de sa renommée.
Aucun modèle créé pour l'Atelier des Doigts d'Or ne saurait être exposé dans un autre atelier, si le présent contrat était rompu.

.

L'Atelier des Doigts d'Or par la voix de la surintendante aux finances, Elisabeth Stilton s'engage en contrepartie à rémunérer Hildegardeii à hauteur de cinquante pour cent de la plus valus pour chaque œuvre, ainsi qu'à offrir gite et couvert au sein de la Maison Plume.
L'Atelier offre en supplément une tenue par an et de puiser dans les matières premières pour que l'artiste peigne lui même une bannière par saison, pour lui, sa famille ou ses proches.

Pour l'Atelier des Doigts d'Or,

Marché conclu ! On fait topette chez moi pour sceller un accord mais si vous préférez un écrit, ça me va aussi !
... Je vous remercie pour votre confiance. Je ne sais pas ce qui vous prend, vous devez vraiment être désespérée pour m'engager !

La vérité c'est que j'étais drôlement contente et fière d'avoir passé l'examen avec succès.