[ Multi couturieres] Un Bonbon rose qui devient noir, ça fait de la réglisse ?

Invité

Le deuil, ça fait mal. Le deuil, ça rend sombre.

Ca vous retourne un gosse en quelques minutes, ça vous brise un sourire en un instant. Le deuil, clairement, de vous à moi, ça pue du cul.

Le deuil, ça vous brise. Le deuil, ça rend triste.

Ca vous laisse comme ça échouée au bord d’une plage de désolation alors qu’avant tout n’était que prairies verdoyantes. Le deuil, sincèrement, de vous à moi, ça ne devrait pas être.

Le deuil, c’est ce qui l’amène là. Pour voir Attia ou Mamie. Pour voir quelqu’un.. Pour.. Elle ne sait plus, pourtant, elle reste là, les bras ballants.

-« Quéqu’un ? »

Alter Ego de Dieu sur terre Messages : 4864 Date d'inscription : 28/07/2009

La reine est morte.
Attia vient de l'apprendre.
ça lui fait comme un coup dans l'estomac, un peu comme de sentir son ventre vide apres avoir mis au monde sa fille, cette enfant qui n'arrete pas de pleurer, manger et dormir...
Elle n'a pas pleuré, elle ne connaissait pas cette femme de près.
ET les circonstances de sa mort restaient encore floues pour la gitane, mais le fait était la, la reine n'etait plus...

Elle n'etait plus retournée a l'atelier et ne prenait plus de commandes, mais il fallait anticiper l'affluence, il fallait qu'elle fasse une revue des troupes, qu'elle parle a la Castelmémère vu que Breiz serait bien occupée a Dijon au conseil...

Alors aidée de Gigi qui venait la voir tous les jours, le bébé dans les bras, elle était arrivée a l'atelier.
Non pas que l'idée de confier l'enfant a une nourrice ne lui avait pas effleuré l'esprit, mais il était trop tot encore, et meme si cela lui prenait toute son energie, elle aimait sentir que cette petite créature avait besoin d'elle et elle se delectait de ce lien unique.
Pourtant, alors qu'elle entrait dans l'effervescence de l'atelier des doigts d'or, elle eu une bouffée de nostalgie, se remettant le temps ou elle était la sacro sainte ADJ adulée de tous pour des tenues qu'elle n'avait plus le temps de confectionner et dont elle s'etait volontairement éloignée...

Le temps de trouver la Castelmémère, lui présenter des condoléances formelles et l'informer qu'elle (Clarinha) aurait sans doute du travail , apres avoir confié ses patrons a Gigi qui se faisait la main sur certains modeles simples, elle ne put résister a l'envie d'aller voir dans la salle de commandes, consulter les registres, voir qui venait , regarder les modèles...
Gigi tenait la petite et par de furtifs coups d'oeil elle vérifiait que tout se passait bien.
Az n'aimerait certainement pas qu'elle confie son enfant a qui que ce soit, encore moins qu'elle passe trop de temps a l'atelier.
Aussi alors qu'elle s'appretait à partir, elle apperçut la rosy fée et soudain son coeur se serra en regardant la bouille perdue, contrastant avec l'aise habituelle de la petite angevine.
Elle se rappela également que la reine était la marraine et le modele de la jeune enfant...

- Votre gracieuseté...

Instinct maternel ou autre ? Appelez ça comme vous voulez, le premier reflexe de la gitane fut de s'approcher et de serrer la forme potelée contre elle.

- Je suis tellement triste... Vous allez b... Comment allez vous ?

Invité

Comment va-t-elle ? C’est une question. Il faut répondre Yolanda.

Elle l’a vue arriver, elle l’a vue venir vers elle, mais les jambes n’ont pas voulu suivre, elle attend là, l’air hagard, qu’est-elle venue faire déjà ? C’est si vite oubliée une requête. Le regard passe de Gigi qui tient l’enfant à Attia qui la tient, elle. Il y avait quelque chose d’important, quelque chose qui l’a poussée à venir là, mais ce quelque chose est parti là, entre l’instant où elle est venue et puis maintenant, tout de suite. C’était important, ça ne l’est plus. Les mains potelées se rattachent à la taille de la gitane, réflexe pavlovien s’il en est. Le nez vient se glisser contre le ventre, moins rond qu’avant, bien moins rond. Tiens, ‘Ttia a perdu son bébé, idiote, il est dans les bras de Gigi, c’est cela, c’est pour cela qu’il porte un bébé. ‘Ttia est mieux avec le ventre vide que le ventre plein, c’est plus facile à serrer et quand on la serre, on oublie presque pourquoi on est là. Pourquoi d’ailleurs ? Et cette question qu’elle lui a posée.

Comment va-t-elle ? Et bien, réponds Yolanda. Réponds à la question que l’on t’a posée.

-« Je viens chercher des robes.. Y me faut des robes .. Noires .. Et puis .. Je sais pas .. Je veux des robes ‘Ttia. Noires. »

C’est important en vrai le noir, c’est pour dire que Marraine n’est plus et qu’elle ne reviendra plus jamais pour lui dire que telle robe rose est jolie ou que telle autre la fait ressembler à une princesse. Le noir, c’est le deuil de Marraine, le deuil du rose.

Alter Ego de Dieu sur terre Messages : 4864 Date d'inscription : 28/07/2009

Des robes...
Oui elle est venue chercher des robes, bien sur.
La des Juli est associée imanquablement aux robes qu'elle chérit plus que tout.
Pourtant la gitane ne répond pas de suite, passant une tendre main sur les épaules de l'infante elle soupire doucement.

- Je comprend, des robes noires... Le noir c'est cher, mais l'amour n'a pas de prix et c'est pour lui témoigner votre amour n'est ce pas ?

Gitane perdue dans la nébuleuse de ses pensées, le coeur se serre, elle est angoissée, mal a l'aise.

- Nous allons voir Castelmamie, je suis sure que Clarinha et Adela pourront vous faire de tres belles robes...

Comment te dire triste petite chose que je ne couds plus et ce a cause de la petite bestiole que tient Gigi dans ses bras ?
Non elle n'assume pas la Gitane, Yolanda reclamerait elle sa couturiere ?
Au fond d'elle, la gitane en gardait une forme d'espoir secret, se demandant déja comment, ou quand et comment elle pourrait confectionner une robe a l'infante d'anjou.

Invité

Ca fait mal, bon sang que cela fait mal. Les gestes, les mots, tout. Tout lui est douloureux dans l’attitude d’Attia qui lui rappelle qu’elle souffre. Ca fait mal dans la petite poitrine. Mal de savoir que cela coûtera cher, mal de savoir que ça attriste Attia, mal de voir Attia mal. Et là, où c’est le plus douloureux c’est quand elle délègue à d’autres. La main se tend pour agripper avec force la manche de la Des Juli qu’elle tire vers elle.

-« ‘Ttia ! Je veux une robe noire ! Y faut que tu fai..faire.. Fas.. JE VEUX ! C’EST IMPORTANT ! »

Oui, c’est important ! Si important, que plus rien ne compte, que les larmes déboulent sans qu’elle ne puisse les retenir, désespérément, les mains viennent s’appuyer sur la bouche qui tremble, sur les yeux qui dégoulinent. Le chagrin déborde, il faut au moins du noir pour l’éponger. Il faut au moins des mètres de velours noir pour le cacher ce chagrin, pour refermer les vannes de la douleur.

Il faut .. Une robe .. Des robes noires. Cette idée ne part plus qui la ronge et la laisse au bord de la crise d’hystérie. Il y a tant d’eau dans le corps de ce si petit être que même les nuits dernières passées à crier et sangloter, ne suffisent pas à empêcher d’autres larmes de venir, de détremper les jupons d’Attia qui viennent étouffer les gémissements saccadés. Les mêmes mots toujours. Une robe noire.

Il faut une robe noire, c’est tellement important.

Invité

Le cri attira la mamie... Une enfant à choyer, ça a besoin de bras doux, ronds, mous, de la chaleur d'une mère ou d'une grand-mère. La petite tressautait de sanglots et, bien qu'accaparée, il n'y avait pas moyen que la Castelmémère ignorât la présence de la petite princesse d'Anjou.

-"Allons, allons... Dès que Clarinha aura un peu de temps, vous l'aurez, vous l'aurez cette robe... Calmez-vous, calmez-vous, lààà..."

Et la vieille la serra dans ses bras, contre elle, et la berçait dans un mouvement de balancier. Lààà...

Alter Ego de Dieu sur terre Messages : 4864 Date d'inscription : 28/07/2009

Le coeur se serre face a la detresse de l'infante.
Attia culpabilise et un instant elle leve les yeux sur sa propre fille.
Le temps pour la rombière de lui voler la douceur de la rosy fée, le temps pour Attia de se décider.

- Allons ma chère Yolanda ne pleurez pas vous me brisez le coeur...

Oui elle n'avait jamais connu la petite étoile qu'enjouée, rigolote et attendrissante.
En pleine tourmente la petite qui demandait a s'habiller de tragédie par le noir semblait etre une toute autre personne, et la gitane s'inquiétait de son état psychologique.

- restez vous un peu en Bourgogne ? Chez vos parents ? Votre frère...

Tu n'as toujours pas dis le mot magique gitane.
Vois comment elle n'attend que toi ?
Ah mégalo quand tu souffles dans l'oreille...

- Parcequ'il va falloir que vous passiez chez moi pour faire les essayages, je ne peux pas rester a l'atelier a cause de...

Coup d'oeil furtif au bébé et léger soupir.

- A cause de Livia... mais je vous la ferai, je vous ferai votre robe...

Allez petite princesse, offre moi un sourire, ne fut ce que léger...

Invité

Des jupes de la Gitane, elle passe aux bras de la Rombière, aux sanglots mouillés succèdent les muets, ceux qui ne font plus couler les larmes, mais épuisent de hoquets de douleur. Les mains potelées se resserrent, noyant les suppliques dans le corps flasque mais rassurant de l’aïeule. Oublié le macaron volé, oublié les baisers mouillés, Mamie est là, la Mamie de Marraine, la Mamie du Louvre. Làààà..

-« Mamie, c’est trop triste.. On la verra plus jamais.. Faut du noir. »

Et c’est le drame. Comprendre soudain ce que la mort inclut, ne plus voir, ne plus entendre, ne plus parler, ça s’appelle aussi grandir. C’est dur de grandir en fait. Accrochée aux jupes de Mamie, elle tourne enfin le visage vers la Des Juli.

-« Je vais oui.. Je crois.. »

Elle croit, oui, il faudrait rester en Bourgogne, à Corbigny et s’y enfermer. A moins que ..

-« Je viendrai, j’aurai ? »

Plein d’espoir le regard qui passe d’Attia à Jehanne. Le noir accessible, le deuil en technicolor.

Alter Ego de Dieu sur terre Messages : 4864 Date d'inscription : 28/07/2009

Pour sourire elle n'a que l'espoir dans le regard de l'infante.
Et la le drame prend son ampleur car ue yolanda en larmes, sans sa joie de vivre légendaire, la gitane ne pensait pas que ça arriverait un jour.
Tristement elle sourit a l'infante en passant une main distraite sur le menton boudiné.

- Vous aurez. Gigi vous accompagnera chez moi, nous vous ferons une robe digne de votre marraine...

Le regard passe dans celui de la mémé qui semble bien accuser le coup pour son age.

- Nous nous y mettrons toutes...

Elle s'eloigne doucement, se rapproche de Gigi pour attraper sa fille entre ses mains.

- Prend donc les mesures de la damoiselle... Ensuite en rentrant tu me prendra 3 rouleaux de taffetas noir...

Oui l'etoile, tu auras. Les yeux dans ceux du bébé elle cherche le pardon, pour le temps qu'elle lui prendra pour se consacrer a celle qui pourrait etre sa fille aussi...

Invité

La rombière caressa la douce et abondante chevelure de l'enfant blottie contre elle. C'est une sensation qu'elle aime, qui la remue, une enfant contre son sein, et c'est bien triste que ce soit en de telles circonstances. Elle la regarde, elle regarde Attia, et bientôt Gigi qui vient prendre les mesures. Voilà à quoi se résume son petit monde, désormais ; il n'y manque que Fifine...

Elle hocha la tête lorsqu'Attia dit qu'elles s'y mettraient toutes.

-"Oui, oui... Je vous ferai aussi des robes, demoiselle, autant et si tristes que nul ne pourra ignorer de qui vous portez le deuil... De qui nous portons toutes le deuil."

Que deviendraient les Doigts d'Or sans leur première ambassadrice de charme, sans leur Béatrice, sans leur Reine ? Quelle Reine pourrait avoir plus qu'elle le sens de l'élégance ?

Alter Ego de Dieu sur terre Messages : 4864 Date d'inscription : 28/07/2009

Le temps passa entre seances de travail avec Gigi et seances d'essayages avec le triste bobon rose qui virait peu a peu au noir.
Au final le milanais guinda se rendit a Corbigny afin de livrer ce qui etait le cadeau noir d'une Des Juli qui immédiatement avait reendossé ses responsabilités de jeune mère.

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Invité

Je me rendis également, quelques temps plus tard, à Corbigny, pour livrer les tenues que j'avais réalisées à la demande de ma maîtresse.

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