Et si j'étais hotesse d'accueil aux doigts d'or ?

C'était une jeune femme de dix sept ans, elle vivait non loin avec ses parents. Ils étaient artisans, tenaient une boulangerie qui avait sa petite réputation. Depuis quelques mois, la jeune fille se lasser de ses journées. En se baladant, Victory aimait passer régulièrement devant la boutique des doigts d'or. A plusieurs reprises elle admirait les robes qui défilaient sur les mannequins. Elle passait des heures à observer le moindre des détails des robes, la mise en place de certaines soies, des perles, des broderies... de vrais merveilles.

Elle n'allait plus à l'école, elle était trop vieille pour cela, elle passait son temps à coudre car il fallait l'avouer, elle aimait beaucoup ça puis cette boutique l'inspirait beaucoup. Malheureusement, elle avait beaucoup à apprendre avant de pouvoir dire dignement qu'elle était couturière et en faire son métier.
Alors un bon matin, alors qu'elle trainait dans son lit, Victory imagina un plan afin de réaliser ses rêves. Il faudrait qu'elle arrive à intégrer les doigts d'or, dans un premier temps, pour devenir hôtesse d'accueil. Elle savait qu'ils croulaient sous les commandes et qu'en plus, le personnel avait tendance à être absent et que les couturières devaient faire l'accueil, un temps précieux qu'elles perdaient. Elle était tellement motiver, qu'elle ne risquerait pas leur faire faux bond. Puis parallèlement, cela lui permettrait de discuter avec les couturières, d'apprendre leurs techniques et de ce fait, dans les mois à venir, à proposer ses services de couturière, si ses patrons l'acceptaient.

Hoooo c'était une idée, une belle idée... mais pourquoi ne pourrait elle pas y arriver ? Ses parents voulaient qu'elle vienne travailler avec eux, il était hors de question qu'elle se recouvre de farine, qu'elle s'abime les mains, les siennes étaient faites pour coudre pas pour faire du pain ! Alors pourquoi pas ? Puis comme elle aimait dire : "Qui ne tente rien, n'a rien !"

Elle sauta du lit, enfila une belle robe jaune qui mettait en valeur ses cheveux roux. Sa robe était loin d'être à la hauteur de celles des doigts d'or mais c'était un des plus belles robes qu'elle avait confectionné elle même. Elle posa un peu de rouge sur ses lèvres, pinça ses pommettes, enfila ses chaussures. Ce n'était pas les plus adaptées pour dévaler les rues mais cela suffirait pour être devant la porte en temps record.

Victory reprit son souffle, poussa la porte...

Bonjour mes dames, messires...

Invité

L'atelier était peu agité, ces temps ; ou plutôt s'y agitait-on comme de besogneuses petites fourmis, couturières à leur table de travail, peintre dans leur aile, et des salons de commande désert, sans Gigi pour y rôder, sans Lisa pour y ajuster une tenue sur un mannequin. J'étais au four et au moulin, et ma cadence de couture s'en ressentait cruellement.

Et puis un jour, une femme entra, l'air incertain ; il y en avait beaucoup, des clientes incertaines qui se présentaient sans trop savoir la façon de procéder. Je renonçai donc à la broderie sur laquelle je travaillais, accrochai mon meilleur sourire sur mon visage jadis timide, et dit :

-"A senhora est a bemvenoue ! Sou Clarinha, eu couds aquì. Eu peux ouma chouse para vous ?"

Les clientes, et les clients aussi, grouillaient de partout mais une femme se détacha de son travail. Cette brune, Victory la voyait beaucoup autant dans la salle que par la petite fenêtre de son bureau ou elle confectionnait ses robes. Elle admirait son travail et se sentit un peu "petite" face à elle. Son accent la surpris sur le coup, elle ne s'y attendait pas mais cela lui donna une petite particularité bien charmante.
Victory ne comprit pas tous les quelques mots, les plus importants.

Bonjour Dame CLarinha, je suis Victory... je venais à tout hasard proposer mes services à tant qu'hôtesse accueil.
J'ai cru comprendre, en entendant les clientes discutaient devant la boutique, que vous croulez sous les commandes et que les couturières étaient obligées de faire l'accueil à défaut de personnel pour ce poste.

Oulalalaaaa elle parlait beaucoup la rousse, fallait peut être qu'elle se calme. Elle ne savait pas trop comment se comporter, c'était la première fois qu'elle se proposait pour un travail. Aller, finir sur un point positif...

J'aime beaucoup la couture mais j'ai énormément à apprendre. Donc en attendant de finir d'approfondir mes connaissances et de pouvoir vous proposez mes services en tant que couturière, j'ai pensé que m'occuper de l'accueil serait déjà un bon début pour tout le monde.

Elle avait fini, elle espérait qu'elle avait été convaincante...maintenant, c'était entre les mains des patrons, quel stress !!

Invité

J'écoutai la rouquine au teint si pâle et doux. Elle parlait beaucoup mais d'un débit posée qui me permettait de ne point trop perdre le fil de son propos. C'était un voix plaisante qui ferait le plaisir, nul doute, de clients à venir. Et dieu, que la proposition était la bienvenue ! Je souris :

-"Est ouma boa nouvelle, eu dis-le ! Victoury, èch a bemvenoue, muito bemvenoue. Vous connaisse a manière de faire, no Atelier doch Doigts d'Our, com clientch ?"

Je désignai un fauteuil et je m'apprêtai à écouter sa réponse et ses états de service, comme il me semblait qu'on devait le faire en ces circonstances, lorsque j'entendis dans le salon voisin une présence, et trois petits mots :

-"Le bon jour."

Etirant alors mes lèvres en un sourire enthousiaste, je dis :

-"Pimba ! Senhora Victoury, viennent comigo... Avons ouma cliente de accueillir !"

Ou comment mettre en situation directement la postulante, pour mesurer ses capacités. D'une courbette, je lui indiquai la porte vers le salon de commande des adaptations.

Victory avait l'impression de lire sur le visage de Clarinha comme un soulagement. Cela ne manqua pas d'être confirmer par la jeune Dame.

Je vous remercie pour votre accueil.
Pour ce qui concerne la forme, j'ai un peu travaillé dans la boulangerie de mes parents et j'accueillais et servais les clients.
Donc j'ai quelques connaissances mais c'est surement à améliorer, nous sommes loin d'être parfait.

La rousse adressa un grand sourire et se dirigea vers le fauteuil suite à l'invitation de Clarinha mais une nouvelle cliente arriva et le travail devait commençer. La jeune femme inspira profondément, il ne fallait pas qu'elle se loupe. Elle pensa juste à la manière dont elle aimerait qu'on l'accueil : sourire, calme (en toute circonstance), gentillesse.

Allons y alors !

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