[RP] Travailler c'est mieux que d'être mal accompagnée.

Gudule avait été femme de chambre dans une petite auberge de campagne, elle gagnait juste assez de sous pour se nourrir et dormir sous un toit et cette vie lui convenait. Mais ses employeurs finirent par la mettre dehors, alors Gudule se débrouilla et devint tour à tour servante chez un apothicaire qui avait pignon sur rue, blanchisseuse, lavandière et même alleresse à quelques reprises car elle avait souvent aidé sa mère à accoucher dans sa jeunesse. Agée d'une bonne vingtaine d'année, elle avait été mariée une fois à un rémouleur mais ce dernier avait été emporté par la maladie il y a peu. Lassée de vivre de misère et se retrouvant seule Gudule avait fait ses valises, elle se souvenait lorsqu'elle était chambrière et que certaines femmes bien nées, ou en tous les cas plus riches qu'elle ne l'avait jamais été, logeaient brièvement à l'auberge, ces dernières évoquaient régulièrement un atelier de couture qui semblait riche et renommé. Gudule s'était alors imaginée qu'il y aurait peut être du travail pour elle là-bas et mieux payé.

C'est ainsi qu'après avoir épuisé ses dernières économies pour faire le voyage elle arriva à Saint-Germain des Champs. Il ne lui semblait pas un jour avoir vu plus bel endroit, chaque détail semblait avoir été pensé, même les couleurs du jardin qui entourait le château comme s'il avait été peint par un artiste peintre.

Comme elle approchait, un homme, probablement un valet lui indiqua qu'elle n'avait pas le droit d'avancer vers le château davantage mais qu'elle devait se diriger sur la gauche de l'allée principale où un chemin menait à une bâtisse plus modeste mais non moins élégante. Lorsqu'elle poussa la porte en bois du petit manoir, elle découvrit une grande pièce lumineuse fraîchement décorée dans laquelle on se sentait comme apaisé.

Comme on la questionnait sur la raison de sa présence dans ces lieux et surtout si elle envisageait d'acheter, Gudule se présenta,

-Je suis Gudule et je voudrais devenir employée en ces lieux. J'ai entendu dire que l'atelier avait des postes à pourvoir.

Souriante et pleine d'espoir Gudule attendit qu'on l'informe davantage sur les emplois de disponible.

La question méritait réflexion, elle savait en faire des choses, elle avait eu beaucoup de métiers déjà et tous très différents. Comme elle le faisait chaque fois qu'elle réfléchissait, Gudule se pinça les lèvres durant une poignée de secondes avant de répondre,

-Et bien je sais entretenir une grande maison pour qu'elle soit toujours fraîche et propre, vous devez avoir tellement de tissus dans cet atelier je peux les nettoyer, les mettre en ordre, je peux aussi les rapiécer au besoin je sais manier l'aiguille, pas comme les maîtres couturiers mais je peux faire les petites besognes et même mesurer le tour de taille des personnes, ma vocation est de servir et de satisfaire au mieux ceux qui m'emploient peu importe la tâche pour laquelle l'on me nomme, ma foi je suis bien dégourdie, et j'ai toujours rêvé de servir des artistes !

La jeune femme avait pâli. Elle avait pâli parce qu'elle ne s'attendait pas, en se présentant ici, se voir proposer un travail consistant à nettoyer les latrines. La jeune femme avait ensuite douté. Elle avait douté parce que l'homme devant elle avait sourit et qu'un homme comme un sourire ça cache souvent quelque chose, alors un homme qui sourit...c'est carrément suspect ! Et puis elle l'avait cru. Elle l'avait cru parce qu'il y avait du monde qui entrait et qui sortait dans cet atelier, du monde qui venait de loin et donc qui devait passer par les latrines, peut être ben même qu'une reine y avait posé son c...ahem séant !

Que devait-elle donc faire ? Accepter pour essayer de se faire une meilleure place par la suite ? Refuser ? Négocier ? Gudule ne sachant quoi répondre se mit alors à rétorquer d'une voix tremblante,

-Et bien je..euh...ne m'attendais pas à cela en venant ici...

Un sourire  gêné et tirage de mèche derrière l'oreille plus tard elle poursuivit,

-C'est à dire que j'envisageais un travail en rapport avec le tissus ou encore aider à accueillir les clients...Je sais comment me comporter avec des clients j'ai travaillé dans une auberge

Peu importe la tâche où on vous nomme, hein ?

Répéta Maître Voillot, narquois. C'était à peu de chose près la phrase qu'elle avait dite... Il soupira.

Même dans un atelier de couture où tout n'est que beauté, il y a des basses besognes ; aussi basses que nos instincts primaires.

Comment enfoncer le clou. Non, les princesses ne pètent pas des paillettes*

Mais rassurez-vous, ce poste n'est pas à pourvoir. D'ailleurs, nous n'avons pas de problèmes de latrines en ce moment. Plaise à Déos que cela n'arrive pas.

Il se frotta l'aile du nez avec le bout de l'index. Pour l'accueil, nous sommes souvent en souffrance, oui. La Baronne Hersent coordonne l'équipe, mais elle a aussi des responsabilités inhérentes à ses titres et charges, et c'est vrai que les membres résidents de l'atelier ne sont pas tous qualifiés pour accueillir les clients, au-delà des salutations d'usage et transmission de message.

Il détailla la fille de haut en bas. Accorte. Charnue où il fallait. Parlant décemment. Était-elle vertueuse ?

Nous pourrions vous mettre à l'essai, j'imagine. Si la Baronne n'y voit pas d'objection et si la surintendante vous offre des gages à la hauteur de vos attentes...
Êtes-vous mariée ?

*Mais les pets d'une princesse frugivore sentent meilleurs que ceux d'une bouffeuse de cassoulet. Enfin je crois.