[RP] Je cape, tu capes, elle caprice... Capice ?

{Je capais, tu capais, il décapait...}

À quelques jours à peine de son mariage, la future femme, qui s'appelait en fait Estaloth de Lauvain, qui deviendrait dame Mandra.gore, réalisait qu'elle avait oublié de trouver des présents pour les gens importants qui participeraient à la cérémonie, à savoir les deux témoins et les deux marraines, dont l'une laissait libre accès à sa chapelle et l'autre étant la chapelaine.

Les quatre nobles, dame, comtesse, vicomtesse et reyne méritaient ce qu'il y a de mieux et c'est pourquoi la future mariée avait songé offrir des vêtements somptueux créés par maître Voillot, qui avait confectionné lui-même l'élégante robe de mariée d'Esta.

Quelques pigeons avaient franchi la distance les séparant et la chancelière ne doutait pas que le tailleur s'était déjà mis à l'ouvrage. Cependant, tout ne pouvait être commandé par parchemins interposés et c'est ainsi que la femme se mit en chemin, bien que le délai soit court. En calèche, nuit et jour, ne s'arrêtant qu'une rarement pour se sustenter et changer les chevaux.

C'est ainsi qu'en quelques jours, elle arriva, épuisée mais cela en valait la peine, devant l'atelier de maître Voillot. À peine un court arrêt à l'auberge locale pour se rafraîchir et se recoiffer et elle se présenta.

*Toc! Toc*

Un accueil tout en simplicité comme elle les aimait. Elle sourit grandement au maître quand celui-ci vint l'accueillir et elle entra.

- Maître Voillot, quel plaisir de vous revoir! J'avoue n'avoir jamais envisagé de revenir vers vous si vite mais, alors que j'avais besoin, votre nom m'est apparu comme une évidence. Vous avez bien reçu les informations que vous m'aviez demandé pour les capes?

Petit sourire taquin avant de poursuivre.

- Avez-vous... Enfin... Peut-être que... Vous avez débuté le travail? J'ai appris que ce serait l'anniversaire de Sa Majesté Zelha le jour-même de mon mariage. Vous imaginez? Alors, évidemment, vous comprendrez bien sûr, j'espère que sa cape sera somptueuse! Sans vous mettre la pression bien sûr ahah! J'ai déjà si hâte de porter ma tenue de mariage.

Je dois vous avouer que, chaque soir, je la sors et la contemple avant de la ranger de nouveau. Vous êtes talentueux et je vous remercie d'avoir accepté de m'aider à nouveau.Je suis convaincue que vous créerez encore des merveilles.

La jeune femme était directe, même si parfois tout s'embrouillait un peu et qu'elle passait du coq à l'âne. Mais l'énergie qu'elle dégageait ne pouvait tromper personne : elle était nerveuse.

Elle sourit, rassurée. Elle avait confiance en lui.

- Dame Mielle est en effet une amie. Mais bien plus que cela aussi, une tante, une marraine, la femme qui m'a baptisé et qui va me marier. Je lui ai fait endurer mille misères et je veux lui offrir une tenue pour la noce, la remercier et lui témoigner de mon affection pour elle.

Je sais qu'elle aime beaucoup le bleu, le vert et la lavande. Elle est aussi Dame de Le-Bar-sur-Loup et de Bédoin. Ces deux fiefs ont pour emblème la croix et la vigne. Je pensais que vous pourriez peut-être vous en inspirer pour confectionner sa tenue?

C'est une femme délicate et sensible, qui aime tout ce que Dieu a donné et qui pourtant aime rester en retrait, ne pas se faire remarquer. Elle a une chevelure d'un roux flamboyant, longue et bouclée. Un col dégagé lui conviendrait bien.

Elle participe à toutes les cérémonies d'allégeance avec assiduité, est maire d'Aix, diaconesse aussi. Si elle pouvait avoir une tenue qui lui permettrait de participer aux grands événements sans être encombrée, je crois que cela lui plairait.

Je vois parmi vos créations, celle que vous identifiez comme ayant été faite pour Harmonie von Dumb. Celle de Cecilia von Frayner aussi. Les deux modèles me plaisent bien. Ils sont simples, élégants, les déplacements semblent faciles. Surtout pour donà Mielle qui doit souvent s'agenouiller, monter des marches et j'en passe.

Faire l'éloge de Mielle lui permettait de réaliser combien elle l'aimait. C'était si facile de parler d'elle, car elle était toute en simplicité.

Tandis qu'elle faisait une pause, elle balaya du regard les tissus, les fils, les oeuvres commencées dans l'atelier. Tout était déjà beau de nature.

Il n'avait pas fallu de temps à Esta pour revenir chez le maître. Elle entra, toute heureuse et curieuse de voir le résultat.

- Bonjorn maître Voillot! Je suis heureuse de voir que malgré mes caprices et mes exigences dans le temps, vous avez su respecter le délai. Je vous en suis reconnaissante. Puis-je voir la cotte s'il vous plaît? Je suis impatiente ahah.

Et lorsqu'il la lui montra, Esta était aux anges.

- Elle est magnifique! Absolument à l'image de ma tante! Comment puis-je vous remercier?

Bien sûr, la réponse était déjà dans la question. Souriante comme toujours, Esta sortit une bourse d'un pli de sa cape et la tendit à Jacques.

- Je vous laisse recompter, au cas où j'aurais fait une erreur, mais il y a là les écus pour les trois capes et la cotte. Merci infiniment pour tout votre travail.

Avant de partir, elle répondit simplement au maître.

- Soyez assuré que tous sauront. Merci, merci encore.

Et elle s'éclipsa enfin, laissant l'artiste retrouver la quiétude de son atelier.