[RP après la vente] Le Duc et la Couturière

Sujet: [RP après la vente] Le Duc et la Couturière Ven 20 Sep 2013 - 16:31

La vente avait été longue et éprouvante pour la jeune fille. Elle avait l'habitude de travailler à son rythme et non pas d'enchainer les essayages comme lors d'un défilé. Et encore pendant les défilés, elle n'avait généralement que deux tenues à présenter. Hors là, c'était bien quarante deux modèles qu'elle avait ajusté à la taille des clients en un temps record... Enfin record. Du matin jusqu'à la nuit tombée plutôt. Tout les clients avaient pu savourer le buffet avant de partir, si bien que la grande salle semblait un peu vide maintenant qu'il n'y avait plus qu'elle dans la pièce. Elle avait envoyé Jenifael se coucher sur le lit qu'elle avait occupé autrefois, avant sa fuite des Doigts d'Or, et qu'on lui avait gardé prête au cas où elle reviendrait un jour. Et elle avait fini par revenir, contre toute attente, mais pour repartir cette fois.

Finissant de rassembler son matériel de couture dans un coffre, l'Ange poussa un soupire nostalgique. Que de souvenirs avec l'atelier, mais il était temps de passer la main. Lissant le devant de sa robe d'une main fine, elle se tourna vers la grande fenêtre, laissant échapper un cri de surprise en voyant la haute silhouette qui s'y découpait. Elle qui se croyait seule... Le Duc, elle l'avait un peu oublié le pauvre, alors qu'il avait fait preuve d'une patience d'or pendant qu'elle satisfaisait ses clientes. Mais il est vrai qu'elle lui avait promis un entretien après la vente et cela lui était sortis de l'esprit. Plongeant en une révérence impeccable, la frêle demoiselle s'excusa.

Vous êtes discret Votre Grâce, je ne vous avait pas entendu. Vous m'avez un peu pris par surprise.

Lui adressant un sourire contrit, elle poursuivit.

J'espère que vous ne vous êtes pas trop ennuyer en m'attendant. Je ne pensais pas que cela serait si long...

Enfin, sans doute que si, cela avait été long, sinon il ne se serait pas planqué au fond, près des fenêtres et loin du buffet et de l'agitation qu'il y avait autour.

Invité

Enguerrand Mirandole avait passé au moins la moitié du temps à s'émerveiller devant les créations de Elizabelle. D'abord, celles créées pour sa fille Luna Mirandole, où le détail de la couture et la splendeur des couleurs l'émerveillaient. Puis, par un regard observateur, sa curiosité s'arrêtait sur chacune des commandes des clientes. Elles étaient venues en nombre les groupies d'Elizabelle. Le borgne était maintenant face à la célébrité si évidente de cette couturière. Cela ne l'étonna pas beaucoup, se dit-il, car ce qu'elle confectionna pour la fille du borgne restait un chef d’œuvre.

Une fois l’effervescence de la vente terminée, Enguerrand reçut la visite d'Elizabelle. Elle se présenta à lui dans un cadre beaucoup moins privé à ce que pour quoi ils se connaissaient. La couturière semblait éreintée. Il y avait de quoi ; le jeune homme ne supportait plus depuis longtemps les bains de foule. Mise à part en taverne, lorsqu'il était question de se beurrer à l'alcool, ou bien de jouer la comédie en mettant en scène ses fables. Le monarque divin répondit :

« - Que nenni, dit-il sur le même ton calme que son interlocutrice, j'ai pu observer les tenues que vous avez créé, ainsi que vos clients. Qui sont d'ailleurs majoritairement des femmes. Cela ne m'étonne guère. Avec de telles parures, elles conserveront les ardeurs de leurs époux, à défaut de charmer les hommes qu'elles désirent. Haha. »

Le jeune duc riait pour détendre l'atmosphère. Il était flatté de recevoir la visite de Elizabelle, qu'il considérait comme une artiste à part entière.

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Une rougeur s'étala sur les joues pâles à la remarque du Duc sur son travail. Cela l'embarrassait un peu et puis elle ne savait que penser de lui. Ses courriers l'avaient touché par leur côté passionné dans son affection pour sa fille, mais la personne en vrai la fascinait tout autant, ce qui était pour le moins étrange sachant son passif avec les hommes qu'elle évitait d'ordinaire. Elle afficha un sourire alors qu'il s'exclamait, trop peu habituée à rire, ce qui ne lui arrivait plus que rarement depuis des années.

Je ne crée pas des robes pour que les femmes plaisent à leurs époux, mais bien pour qu'elles se plaisent à elles-mêmes. J'aime les belles tenues pour moi-même par exemple, mais je ne cherche certainement pas à plaire à qui que ce soit. Il me plait juste de porter de jolies choses.

Lissant le devant de la robe simple qu'elle portait ce jour pour le côté pratique au vu du travail qu'elle devait faire, mais elle avait étoffé peu à peu sa garde robe de toilettes ravissantes et parfois luxueuses, juste pour le plaisir de les porter alors même qu'elle sortait peu de sa demeure. L'invitant à la suivre, elle le mena tranquillement jusqu'à sa galerie que ses modèles d'expositions peuplait encore. Il en manquait bien sûr, les originaux ayant brûlé dans l'incendie de l'atelier. Sereine, son visage d'ange encadré de ses lourdes boules brunes rayonnait de douceur tant elle se sentait chez elle ici.

Il y a des mois que je n'étais venu... Cela m'avait manqué... Il me peine de savoir que cet endroit ne sera plus à moi mais utilisé par un ou une autre. Mais il est temps de passer la main.

Les yeux gris se tournèrent vers le borgne.

Enfin, ce sera l'occasion de me concentrer sur la création et de pouvoir consacrer du temps au dessin et à la musique. Je n'en ai guère eu l'occasion depuis un moment.

En fait, depuis que son succès avait pris de l'ampleur. Il avait toujours fallu répondre aux commandes, toujours plus rapidement.

Pardonnez moi, je suis trop bavarde. Cela ne me ressemble guère. Peut-être aviez-vous des choses particulières à me dire.

L'Ange afficha un doux sourire un peu rêveur, son regard s'égarant sur les mannequins qui s'alignaient.

Invité

« - J'aime particulièrement aussi porter des tenues pour moy-même, dit-il pour appuyer les propos de Elizabelle. J'aime le chic et l'élégance. Cela change des armures rutilantes d'un champ de bataille. A ce propos, je fais même adapter mon équipement de combat. Par exemple, ma panoplie séleucide me protège aussi bien des coups d'épées et des flèches, et je brille de charme au milieu du bain de sang. J'adore, j'adore.

Rapidement mis à l'aise par la couturière, Enguerrand Mirandole commençait à raconter ses histoires particulières. Récemment à Auch, après avoir joué deux de ses fables, on lui fit remarquer qu'il possédait l'âme d'un barde. Le borgne l'avait très bien pris et fut même flatté de ce compliment. Il adorait jouer la comédie et se donner en spectacle dans les auberges qu'il fréquentait. D'une pierre deux coups, en récitant ses propres fables il se faisait de la publicité pour son art littéraire mais aussi pour son talent de comédien.

Enguerrand écoutait ce que Elizabelle lui confiait. Elle lui révéla être passionnée par la musique. Le jeune homme reviendrait sur ce détail important un peu plus tard.

Je voulais juste vous remercier pour les deux robes. Désormais, je suis l'un de vos nouveaux abonnés. »

Un fidèle client de plus, un ! Riche, beau, titré, Enguerrand possédait le paquet du client bourgeois qui n'hésiterait pas un instant à allonger la bourse s'il le fallait. Néanmoins, à l'heure actuelle, il était plus question de saluer un artiste que de parler du négoce.

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Elizabelle échappa une petite grimace alors qu'il parlait de sa tenue de combat et de briller dans les bains de sang. Elle avait les armes et la violence en horreur, même si elle rêvassait encore aux chevaliers des joutes comme dans les livres. La guerre et la mort, elle en avait peur et ne comprenait pas que des hommes puissent s'arracher mutuellement la vie et y prendre plaisir. Mais elle préféra ne rien dire pour ne pas le vexer. Aussi préféra-t-elle répondre à la seconde partie de son discours.

Ce fut un plaisir de réaliser pour vous ces deux tenues. J'espère que votre fille les trouvera à son gré. J'aime énormément la tenue Chasseresse, je l'avais créé afin de pouvoir chasser sur les terres de ma tante à l'aide de mes faucons.

Un tendre sourire se dessina sur ses lèvres alors quelle songeait à ses oiseaux chéris. Il lui faudrait bientôt réorganiser une nouvelle chasse, car cela lui manquait.

Par contre, je crains que vous ne puissiez rester un abonné très longtemps. Je vous rappelle que je quitte le service de l'atelier. Je ne réaliserai que les travaux commandés par ma Suzeraine et certains pour ma famille.

Chanceux seraient ceux que Cassandre choisirait pour être les heureux bénéficiaires d'une création de "Sa Couturière", comme elle aimait à le dire. Puis, revenant sur le sujet de la chasse, l'Ange reprit.

Aimez-vous chasser ? Ou bien seul les adversaires à deux pattes et bardés de fer vous intéresse ?

Invité

Les paroles d'Elizabelle sont tranchantes. En effet, elle lui reprécisait une énième fois qu'elle ne fera plus de tenues à moins que sa suzeraine ne lui demanderai. De cette manière, Enguerrand conserverait précieusement les robes qu'elle avait réalisé pour sa fille Luna. Ceci étant dit, le sujet de conversation tourna à la chasse. Un sourire mutin se dessina sur les lèvres du borgne.

« - J'aime la chasse, dit-il en insistant vraiment sur le mot aimer.J'ai l'âme du chasseur. J'ai un hobereau dressé que j'utilise depuis quatre ans pour la chasse au vol. Mais de toute les chasses, celle au sanglier, ainsi qu'au cerf sont mes préférées. Il ne précisera pas qu'à l'heure actuelle, il devait être classé comme l'un des trois meilleurs chasseurs toutes catégories confondues dans le royaume de France. Le cerf est le roi des forêts. Vous avez pu bien remarquer le respect que j'apporte à cet animal, lorsque je vous ai fait part de la fable Le Cerf et le Faon. C'est un honneur de chasser ce noble rival dans ses bois. Ca l'est d'autant plus que de porter sa fourrure et de tenir sa tête pour trophée. De tous les animaux, à ce jour, je n'en n'ai point connu d'aussi magnanime. »

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L'Ange n'avait pas voulu être brusque en parlant de la fin de son travail pour l'atelier, mais il était encore un peu difficile pour elle de penser que cette période de sa vie était terminée. Enfin, elle pourrait toujours lui faire un présent plus tard pour se rattraper. Le sujet de la chasse était visiblement bien plus propice. Il aimait chasser donc, et bon point pour lui, il avait même un rapace. Non pas qu'Elizabelle fut réfractaire à la chasse du gros gibier, mais elle n'aimait pas tout le bruit et le sang qui l'accompagnait. Par contre, elle appréciait énormément d'admirer le vol de ses oiseaux. D'autant que généralement, elle leur laissait leur proie, mangeant si peu elle-même.

Vos poèmes sont toujours très bien écris. J'apprécie de les lire et je suis honorée que vous me les ayez fait découvrir. Pour ma part, je ne participe guère aux chasses de gros gibiers, par contre je possède deux couples de Gerfaut. J'aime leur plumage blanc comme la neige moucheté de noir. J'adore les regarder voler.

Songeuse, elle se rappela de la dernière chasse, avec la neige qui recouvrait le sol.

Je n'ai pas chassé depuis l'hivers dernier... J'y avais convié la Vicomtesse Sofja Jagellon, son mari, sa sœur et son frère... Jai fais un pari idiot durant cette chasse, et Nikolaï l'a emporté, gagnant ainsi ma main...

C'était la seule raison qui faisait qu'il avait pu l'obtenir d'ailleurs, car elle s'était juré de ne plus se marier après le désastre Enzo.

Ma Suzeraine ma doté d'une Seigneurie en Empire, dans laquelle j'ai pris mes quartiers mais dont je n'ai pas encore eu l'occasion de parcourir les bois pour chasser. Cela vous dirait-il de venir y chasser en ma compagnie avec votre oiseau ? Vous pouvez vous faire accompagner de qui vous le souhaiter bien sûr. Quand à moi je verrai si Cassandre souhaite se joindre à la chasse.

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